Jour 10 : Une vie a-t-elle un sens ?

(Le 24 janvier 2014)

J'ai fait un cauchemar cette nuit. J'ai rêvé que je me faisais tirer dessus et que le monde me croyait mort et qu'ils ne se souciaient pas trop du fait que je sois justement mort... Une chance que ce n'était qu'un rêve. 

Je me suis réveillé avec de mauvaises pensées. Ce n'est pas bon pour ma confiance. Il faut que je pense positif. Ce n'est pas simple tous les jours. Écouter de la musique m'a fait extrêmement du bien.

C'est en silence, dans mon bain, que j'ai tenté de ne penser à rien. J'ai trop de choses en tête que ça fait du bien de faire un vide dans mon esprit. L'autre jour je vous ai parlé d'un choix auquel j'étais confronté. Il s'agit d'un possible retour aux études. J'ai terminé mon DEP en secrétariat-comptabilité. Même si j'ai essayé maintes fois de porter des CV ici et là, les résultats n'ont rien donnés. C'est un jour que l'envie d'aller faire un DEC de Technique en travail social a germée. Cependant, cela implique beaucoup de choix importants à prendre. Est-ce que je peux prendre le risque de quitter le nid familial et partir à Montréal prendre une chambre étudiante durant trois ans et que je sois loin de tous ceux que j'aime ? Avec mon état actuel ? Tout ça d'un seul coup ? Il y a aussi cette envie de travailler et d'être dans l'action et prouver au monde ce que je peux faire. Je sais que ça peut être limite étrange comme façon de penser, mais j'ai toujours eu cette envie de montrer aux personnes que je peux être comme tout le monde et qu'il n'y a aucune limite à ce que je peux faire (même si je suis conscient que mon état physique ne me permet pas de tout accomplir). 

Je fais partie d'un programme depuis quelques années pour m'aider financièrement à vivre et payer mes trucs (parce que je suis une personne dites « inapte au travail »). Je n'ai jamais été d'accord de devoir me plier sur l'argent du peuple pour que je vive. Je me suis dit que ce serait seulement pour le temps de mes études et qu'après je pourrai travailler comme tout le monde dans un domaine où je pourrai mettre à l'oeuvre mon savoir-faire et que je pourrai enfin payer mes affaires à moi. Malheureusement, j'ai eu beaucoup de bâtons dans les roues depuis cinq ans. Ma santé en a pris un sale coup alors j'ai dû retarder mes études. Une fois ma santé stabilisé, mais tout de même précaire, j'ai repris mes études où je les avais laissées. En terminant, la motivation pour entrer sur le marché du travail était à son apogée. Tristement, je me suis vite rendu compte que c'était un monde parsemé d'incompréhensions et de jugements. Lors d'entrevues, je les vois ces visages surpris et inconfortables. Voilà que ma motivation est à plat. Je ne sais plus où s'en va ma vie. Oui, je lui cherche un sens. Pour le moment, je m'amuse, je vis ma vie avec mes amis, j'essaie de profiter du moment présent. Je vois ces jeunes que je côtoyais devenir des adultes alors que je prends beaucoup de temps à essayer de les rattraper. Je ne veux pas me comparer à eux. Le fait est que je veux briser ces barrières qui me retiennent. Je ne pourrais pas tous les jours faire ce que je fais en ce moment. J'ai peur de me retrouver seul. C'est fou l'immense peur de la solitude que je me suis créé depuis un bout de temps. Il va falloir que je prenne de bonnes respirations et que je relativise un peu.

Est-ce que ça se pourrait qu'il faut que je trouve un sens très différent à ma vie ? On dit de moi que je suis unique alors que tout ce que je souhaite c'est d'être comme tout le monde. Va-t-il falloir que j'accepte ce que je suis et que je vive avec ça ? Si je poursuis sur cette lancée, mes projets que je veux voir naître pourront-ils réellement se produire ? Je veux écrire des romans et j'ai des projets photos passionnants à monter. Tout ceci reste dans ma tête et je veux émerger ces idées. J'ai aussi le désir secret de m'ouvrir un cabaret. Je veux développer mon côté artiste. Ouais, je vais ruminer ça dans ma tête. Je ne sais pas si j'ai la capacité de reprendre des études. Je vous reviens là-dessus. Que la vie peut être dure.

Matthy xx