samedi 7 mai 2022

C'est quoi la suite?

Il ne s'agit que de moi et de moi seul pour avoir la vie que je veux. Ce n'est pas d'hier que je le sais, mais le dire à voix haute rend tout ça tangible; je ne peux plus ne plus y penser.

Et si je faisais ma valise pour partir loin; vivre une autre vie?... ou du moins m'approcher un peu plus de la personne que je voudrais être et non celle que je me construis avec les paramètres qu'on m'a donnés. Juste la pensée de le faire, de tout quitter, me fait fantasmer. Non pas que je n'aime pas ceux qui m'entourent, mais je veux tellement partir vivre quelque chose qui me donnerait un second souffle. Je veux enfin me réveiller de ce rêve atroce; de cette course contre la montre.

Je commence à perdre mes cheveux, je porte désormais des lunettes pour mieux voir. Je me sens vieux. Je me sens vieux et pressé. Perdre ma jeunesse... en l'ayant vécu à moitié. Juste cette pensée que je peux faire le plus noble des choix, celui de me respecter, me donne le sentiment de prendre l'instant d'une seconde le plein contrôle de mon être.

Mais, comme on peut le deviner, il y a tant de contraintes dans ma vie qui fait que je suis ramené d'une façon abrupte à la réalité. Je ne peux m'échapper. En fait, en y pensant bien, c'est plutôt l'aspect monétaire la plus grande des contraintes.

J'ai maintenant une voiture et je suis en voie d'obtenir mon permis de conduire. Une liberté que je sens arriver et qui me fait vibrer jusqu'à la moelle des os. Mais est-ce suffisant? Après cette grande étape, c'est-à-dire pouvoir aller où je veux et quand je le veux, c'est quoi la suite? Une chose en son temps, j'en conviens.

Je me souviens, avant que la pandémie ravage tout, je n'avais qu'une seule envie : déménager à Montréal. C'était bien avant l'idée d'envisager de posséder une voiture. Je me souviens, j'étais assis, songeur, dans l'autobus sur le chemin du retour, je ne faisais que penser à ma potentielle nouvelle vie. J'avais des frissons qui me parcouraient le long de mon corps; j'étais euphorique.

Puis, d'autres paramètres se sont ajoutés, encore et encore. Je devais faire face à d'autres problèmes. Même si, dans l'immense tempête, j'ai embrassé quelques victoires, il y a toujours ce vide que je n'arrive pas à combler. De plus, j'ai l'impression que mon anxiété a pris le dessus sur ma manière de penser. Je n'ai plus l'impression de penser de la même manière qu'avant et j'en suis confus.

Avec le constat que trouver l'amour me sera de moins en moins possible, je devrai me résigner à apprendre à m'aimer en solo, tout en faisant une croix sur l'affection à deux que je convoitais tant. Je hisse le drapeau blanc. J'ai compris que je n'étais pas assez beau, ni assez sain d'esprit et ni assez autonome pour vivre une vie normale. Après trente-trois années, on commence à comprendre bien des choses.

Et si je me trompais? Et si je me propulsais encore un peu pour voir ce que ça donne? J'ai toujours cette soif de vivre et c'est là le problème. Cette soif d'aventure, je la consomme que dans mes rêves.

Mon plan, en tout honnêteté, c'est de me lever le matin, prendre ma douche, prendre le meilleur des déjeuners, m'habiller, prendre une valise que j'ai préparé la veille, en emportant avec moi le strict nécessaire (c'est-à-dire des vêtements, Kuzco, Mufasa, mon portable, l'autographe de Lady Gaga et des photos des gens que j'aime), je monte les escaliers, j'ouvre la porte, je me dirige vers ma voiture, j'embarque et je pars... tout simplement, sans me retourner.

Je préviendrais quelques amis de mon plan. Je leur dirai que j'aimerais réécrire une portion de ma vie et que j'aurai besoin d'eux pour qu'ils puissent me protéger si je faisais fausse route. Ça sert à ça des amis.

J'aimerais faire un voyage pour me retrouver. J'aimerais m'habiller comme j'ai toujours eu envie de m'habiller. Je veux rencontrer de nouvelles personnes, et apprendre d'eux. Je vais consommer de l'art, je vais créer de l'art comme jamais.

Ce soir, je vais dormir en sachant que ce rêve n'est que poussière et que je vais me réveiller le lendemain dans cette réalité pas si merdique que ça, mais pas à la hauteur de mon potentiel. Mais je lance dans l'univers que j'aimerais qu'on me donne des réponses et des opportunités. Ça fait longtemps que les signes ne m'apparaissent plus. Je veux qu'ils reviennent pour aiguiller ma vie. Je lui fais confiance tout de même.

Ce que je sais très bien, et elle l'a prouvé plus d'une fois, c'est que la vie nous surprend toujours.

Je vais bien malgré tout, je me sens vieux, mais jeune en même temps. Je me sens pressé, mais à l'heure. Je me sens sage, mais tout aussi spontané. J'aimerais prendre un peu plus de ce que j'avais et délaisser ce que je n'aime plus de moi. J'aimerais refaire un mélange et verser le tout dans un moule que je vais me créer et qui aura la forme plus-que-parfaite.

Bien à vous.

dimanche 9 janvier 2022

La sagesse dans l'échec

Je croyais que c'était l'aboutissement d'un vieux rêve, mais j'avais tort. En fait, cet aboutissement n'est pas celui dont j'espérais. Une épreuve s'est mise sur mon chemin pour confirmer que je devais fermer l'un de mes chapitres. Je devais savoir si c'était le chemin à prendre. Heureusement, mon instinct a pris le dessus; ma petite voix intérieure a crié haut et fort. Avec l'opportunité qui s'est offerte à moi, je croyais à tort que c'était la vie dont je voulais mener. En fait, c'était plutôt une ancienne vie que je désirais. Je croyais qu'il devait y avoir une finalité à ce que j'avais accompli par le passé.

Même si le deuil a été fait depuis des lustres, j'ai toujours considéré cela comme un échec. Sur un plateau d'argent, on m'a enfin offert ce que je recherchais jadis, mais ce n'était plus le moment. Il était trop tard. Mes rêves ont changé; mes rêves ont mûri. Je devais tenter le coup, car je croyais que c'était la dernière fois que cette occasion se présenterait à moi, que c'était un signe qu'enfin j'étais prêt. L'ironie dans tout cela, c'est que c'est vrai, ça va bel et bien être la dernière fois. J'ai compris que ce vieux rêve était désuet; ce vieux rêve ne fait plus partie de ma vie. En acceptant de sauter dans le vide, ma tête se livrait une grande bataille. D'un côté, je voulais tant prouver à moi-même que j'en étais capable. De l'autre, j'avais des craintes de perdre ce que j'avais bâti avec mon nouveau rêve. Le vieux rêve ne me fait plus sourire.

On m'a fait confiance et j'ai tout fait dans la spontanéité, j'ai tout agrippé. Je ne voulais pas lâcher ce que j'avais mis tant de temps à vouloir. Il fallait que je lâche prise. Après avoir goûté quelques instants à ce chemin tant désiré, je me suis rapidement aperçu que c'était fade, que ce n'était plus moi. J'avais cette impression de perdre cette liberté que je m'étais offert inconsciemment. Encore une fois, je voulais être comme les autres... mais je ne suis pas comme les autres. Je construis mon chemin à ma manière.

J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ça m'a ramené une dizaine d'années en arrière. J'avais l'impression de fuir encore et toujours, que j'allais encore ressentir l'écho d'un échec cuisant. Mais après réflexion, j'ai compris que ce n'était pas de la fuite, mais que c'était mon nouveau rêve qui me suppliait de ne pas l'oublier, car il me faisait sourire à tous les jours. Je ne me vois pas vivre une autre vie que celle-là. Je veux être heureux.

Je sais que je vais décevoir bien des gens à propos de ce revirement de situation. Je ne suis pas dans le déni, j'ai enfin compris. J'ai compris que ce n'était pas un échec, mais un épanouissement. Je sais qu'il y a tant de choses qui m'attends, je n'ai pas fini de vivre des trucs immensément beaux. Ce n'est pas un accident de parcours, c'est une réalisation; une claque au visage.

Désormais, je continuerai ma route avec la conviction que j'ai fait les bons choix.

Matthy xx