mercredi 17 janvier 2018

La théorie des balises

Il y a des limites à tout. Mettre des balises est important, pour vous et tous les autres. Ce texte s'adresse aux éternels anxieux de ce monde.

Depuis que je suis jeune que j'analyse les gens. Ces analyses me permettent d'arriver, ou du moins de tenter, à les comprendre et à tenter de me comprendre moi-même. J'ai commencé à analyser les gens après avoir remarqué que certaines personnes me fuyaient. Quand j'étais enfant, j'aimais trop les gens. Je faisais des câlins à littéralement tout le monde. C'était ma façon de leur démontrer toute mon affection. Dans le fond, je ne faisais qu'appliquer ce que l'on me faisait. Étant une personne de petite taille, disons  que j'étais vraiment minuscule étant enfant et que le réflexe des adultes étaient bien sûr de me câliner et de me prendre dans leur bras. Donc, les câlins que je donnais, c'était de la vraie affection. Mais ça ne faisait pas le bonheur de tout le monde et je l'ai su assez durement.

Flashback. Au primaire, ma sœur et moi, étant handicapés, au lieu de jouer dehors avec tout le monde à la récréation, nous étions vautrés dans un local avec une gentille dame qui nous surveillait. Il y avait aussi deux autres garçons handicapés avec nous. Je me suis beaucoup attaché à l'un des garçons. Je voulais tout le temps être avec lui. Par contre, ce n'était pas tout à fait réciproque de son côté. Un moment donné, par une belle journée, il s'est mis à me fuir. Au début, je ne comprenais pas alors je le suivais... et il fuyait de nouveau. Dans ma tête, je ne comprenais pas. Il s'est mis en colère. On m'avait très clairement expliqué qu'il n'avait pas envie de jouer avec voir et j'ai finalement compris. Mais c'est après que ça m'a bouleversé. Même encore aujourd'hui, je repense à ce souvenir. C'était la dernière journée d'école avant les fêtes, je mangeais avec tout ceux qui prenaient l'autobus dans ce même local où j'allais en récréation. Les surveillantes du midi avaient prévu de petits cadeaux pour tout le monde. J'étais emballé de pouvoir en recevoir un. Sauf que le cadeau n'est jamais venu. Vous savez, je ne sais pas ce qui s'est exactement passé. Avait-il simplement oublié de m'acheter un cadeau? Il est vrai que nous étions quand même plusieurs élèves, qui d'ailleurs plusieurs d'entre eux étaient de vraies pestes, alors un oublie serait comprenable. Je me souviens que ma sœur avait reçu une barbie. Je suis allé voir ma surveillante pour lui demander où était mon cadeau, car j'avais encore le mince espoir qu'on avait tout simplement oublié de me le donner. Au lieu de cela, ma surveillante, qui avait l'habitude d'être gentille et douce avec moi, m'a tout simplement dit : Tu n'as pas eu de cadeau parce que tu n'as pas été gentil avec Simon l'autre jour! Ça m'avait vraiment secoué. Je voyais ces pestes qui se battaient à coups de poing sur la gueule brandir leurs cadeaux fièrement alors que j'étais puni d'avoir trop démontré mon affection à une personne. Ma sœur, qui m'a vu tout à l'envers, m'a offert de partager sa barbie avec elle, elle était si gentille. Fin du flashback.

Depuis ce jour-là, j'ai commencé à analyser mon comportement face aux autres. Je me demandais constamment si j'étais dans l'erreur. Cette envie de câliner les gens étaient toujours présente. On peut même dire que ça faisait partie de moi. J'ai commencé à m'excuser sur tout ce que je faisais pour ne pas déranger les gens. Tellement que ça en est devenu une obsession. Je voulais trop plaire aux gens et au moindre faux pas, je m'excusais et je m'en voulais terriblement. Depuis, j'observe tous les moindres gestes, regards, le non-verbal de tout le monde, pour essayer de comprendre si la personne en face de moi se sentais bien ou non en ma présence. Au début, j'ai eu beaucoup de mal. J'ai pensé que je devais toujours être comme les autres voulaient que je sois ou que je pensais qu'ils voulaient que je sois (je ne sais pas si c'est clair). J'ai passé des années à essayer de me trouver des façons de me faire aimer. Cette obsession prenait de plus en plus d'ampleur dans ma vie.

Des anecdotes comme mon flashback, il y en a eu souvent, trop même. L'essentiel de tout cela, c'est que, malgré tout, avec toute l'expérience acquise, je peux en retenir du positif. Il y a des limites à tout. Mettre des balises est important, pour vous et tous les autres. J'ai développé ma théorie sur les balises:

balise. Dispositif destiné à signaler un danger ou à délimiter une route, une voie de navigation maritime ou intérieure, ou de circulation aérienne. Mire disposée au sommet d'un arbre ou d'une perche pour permettre d'effectuer des visées de triangulation.

Une balise, grosso modo, c'est un peu comme une sorte de point de repère pour savoir où t'enligner dans vos relations interpersonnelles. Pour appliquer cette théorie, il faut aussi apprendre à lâcher prise sur un paquet de situations qui peuvent être hors de votre contrôle. Par exemple, vous n'avez pas le contrôle si une personne ne vous aime pas comme vous aimeriez qu'elle vous aime. Ce n'est pas à vous de décider. Mais cela ne veut pas dire qu'elle vous déteste, seulement que quelques limites s'imposent à votre relation. D'ailleurs, il se pourrait qu'en établissant ces balises, ça ne peut qu'améliorer la relation que vous avez avec cette personne. Ça peut vous sembler encore flou ça. Je vais essayer de vous éclairer un peu plus avec ce que j'avance.

Lorsque je dis balise, ça ne veut pas dire qu'il faut absolument que tu mettes des limites nettes et de le dire explicitement à la personne concernée, c'est tout simplement une question d'y aller avec ce que tu ressens, c'est aussi d'essayer de comprendre l'autre personne sans nécessairement t'oublier toi-même. Tu ne sais pas ce que l'autre personne a vécu dans sa vie. Si cette amitié est destiné à seulement vous fréquenter dans un contexte de groupe, qu'il en soit ainsi. Il y a des amis avec qui vous pouvez confier tout vos moindres secrets et d'autres où la pluie et le beau temps seraient suffisant. Au bout du compte, ce n'est qu'une question d'analyse et de compréhension.

Même encore aujourd'hui, je doute beaucoup. Mais j'ai cette chance de m'être entouré de personnes compréhensives qui ne m'abandonneront pas si je galère un peu en faisant une crise d'anxiété. J'ai peur de l'abandon, mais j'y travaille sérieusement depuis quelque temps et je vous le dis, le lâcher prise et la compréhension des autres sont d'excellents moyens de tout relativiser. C'est se dire que ce n'est pas grave si une personne a donné deux câlins à votre autre ami et qu'elle ne vous en a pas donné. Essayez de définir la nature de votre relation avec cette personne. Ce n'est pas grave si elle ne l'a pas fait. Surement qu'à ce moment-là, ce tout petit moment, le câlin entre vous deux ne s'y prêtait pas. Il faut apprendre à vous connaître l'un et l'autre. Il y a de ces relations qui se font en deux minutes comme il y en a qui se forment en plusieurs années. N'ayez pas peur toutefois d'être vous-même et de laisser aller les choses comme elles viennent. Si la personne ne vous aime pas, au moins, vous aurez le mérite d'être resté vous-même tout le long et tant pis si la personne ne prend jamais la peine d'essayer de vous connaître.

La balise aide surtout à socialiser, à établir des critères dans votre tête. Par exemple, si la personne avec qui vous parlez ne s'intéresse pas à la musique, n'en parlez pas tout simplement. N'y allez pas dans le sentimental si l'occasion ne s'y prête pas ou si vous n'êtes pas assez proche pour dévoiler certaines choses intimes avec elle. Ce ne sera pas tout le monde qui sera à l'aise avec ça et ce n'est pas tout le monde qui se doit de tout savoir sur votre vie (croyez-moi, le moulin à paroles que j'étais s'est beaucoup assagi, et c'est tant mieux, ça m'occasionne beaucoup moins de trouble à présent). N'hésitez pas à dire à la personne, avec parcimonie bien entendu, que vous appréciez leur présence à vos côtés, sans attendre nécessairement de quoi en retour. Évaluez votre relation. Si en deux ans, rien ne vient de son propre gré, commencez à considérer cette relation différemment, n'y accordez plus autant d'importance, la vie ne veut tout simplement pas que votre relation évolue plus intimement... et ce n'est pas grave! Tu ne peux pas aimer tout le monde et ce n'est pas tout le monde qui t'aime. Si vous assimiler au moins cette phrase, vous venez de franchir un très grand pas.

Vivez votre vie, il n'y a pas une seule minute à perdre. C'est très cliché ce que je dis, mais c'est tout de même la réalité. J'ai tellement vécu de souffrance avec toute cette paranoïa et ces crises de panique. Toute ma vie, j'ai essayé de comprendre les gens afin de vouloir leur plaire, sans essayer tout simplement de me comprendre. Ce n'est pas tout le monde qui peut vous lire en un seul regard. La patience est d'or. Prenez surtout soin des personnes qui vous entourent et qui sont là peu importe. Eux, vous les reconnaîtrez facilement, c'est garanti!

J'espère que ce petit texte vous éclairera un peu plus. Je comprends trop bien ce vous vivez, je fais partie de la même gang. Vouloir à tout prix se faire aimer de tous ses comparses, c'est éreintant. Maintenant, j'ai appris à faire le tri, tranquillement, et ceux qui sont pour rester vont le rester! Faites attention à vous et essayez de vous amuser. C'est tellement plaisant de rencontrer du nouveau monde. Gardez à l'esprit que ces gens ne pourront qu'être de passage comme ils peuvent être présents le restant de votre longue vie!

Matthy xx 

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